Figure incontournable de la fintech en Côte d’Ivoire, Steven BEDI s’est distingué dès 2019 par ses solutions financières innovantes en faveur des salariés non bancarisés et des acteurs du secteur informel, bancarisant plus d’un million de planteurs. Ambassadeur de l’Innovation depuis 2021, il préside d’honneur le CI20, fer de lance de la tech ivoirienne, à l’origine de la Loi Startup, du SASEN, et de Startup Boost Capital, un dispositif inédit de financement via les microfinances.

Des soirées étudiantes à l’univers de la tech
Né à Paris, mais grandi à Abidjan, Steven BEDI fait ses débuts d’entrepreneur en France, loin du monde corporate qu’il n’a jamais convoité. D’abord organisateur de soirées étudiantes, il ouvre une boîte de nuit, puis crée afrikadeal.com, un site de mise en relation pour la diaspora africaine. De retour en Côte d’Ivoire, il adapte le concept au contexte local avant de s’attaquer au développement web. Son expertise est vite reconnue : SONITRA, BNETD, puis l’Union européenne via l’ITC lui confient plusieurs projets. Ce parcours dans le digital le conduira ensuite à s’intéresser à un tout autre secteur : l’agriculture.
PUSH, une idée semée dans les champs
Tout part d’un contrat avec une ONG américaine pour créer des sites d’usines de la filière anacarde. Steven réussit, encore une fois. Puis, chargé du marketing d’une entreprise du vivrier, il se prend de passion pour l’agriculture. Il exporte anacarde, hévéa, fruits tropicaux… jusqu’à l’attiéké.
Avec Mayou, sa marque d’épices, il conquiert la diaspora. Mais un problème freine son élan : les paiements en zone rurale sont compliqués. Les transferts entre opérateurs de mobile money sont quasi impossibles. Il lui faut une solution. En 2019, il lance une carte bancaire interopérable. PUSH Côte d’Ivoire est née.
Faire exister les startups
En Côte d’Ivoire, aucune loi ne reconnaissait les startups, aucun cadre ne facilitait leur financement. Pour Steven BEDI, c’était un défi. Avec le CI20, il impulse la Loi Startup, portée avec l’appui de l’État via l’Agence Emploi Jeunes. Résultat : les jeunes pousses peuvent désormais bénéficier d’un mécanisme de financement et d’une exonération fiscale de cinq à sept ans.
Aujourd’hui, elles siègent à la table des discussions avec le gouvernement. Steven accompagne aussi d’autres pays (Bénin, Togo, Congo) dans la structuration de leurs écosystèmes. Son objectif ? Rendre les startups tech autonomes, rentables et durables. Quant à sa propre réussite, il sourit : « Je gagne bien ma vie. »
Des modèles d’excellence plurielle
Steven BEDI puise son inspiration chez trois figures marquantes. Michael Jordan, symbole d’excellence universelle, connu jusque dans les villages africains avant l’ère d’Internet. Gadji Céli, pour avoir brillé à la fois dans le football et la musique. Et le Dr. Olivier Blé, scientifique reconnu et passionné de musique, qui incarne l’alliance entre rigueur professionnelle et passion artistique.
Des conseils ancrés dans le sens
Pour Steven BEDI, l’essentiel est de découvrir sa mission de vie. « Sans cela, même un milliard ne suffit pas », dit-il. Il met en garde contre la quête aveugle de l’argent et rappelle que de nombreuses fortunes sont tombées dans l’oubli faute d’impact réel. Pour lui, l’argent doit être un outil, pas un but. Il encourage les jeunes à investir dans la création de valeur plutôt que dans des signes extérieurs de richesse : « Dix millions peuvent acheter une voiture, mais aussi financer des études ou lancer un business. C’est l’usage qui fait la différence ».
Mes déceptions ce sont les collaborateurs
Si Steven reconnait que l’entrepreneuriat présente parfois des déceptions, celle à laquelle il reste sensible est liée à ses collaborateurs. Il estime que c’est dommage quand une personne à qui l’on a tout appris vous tourne le dos sans se soucier des sacrifices consentis pour elle. « C’est cela qui me blesse » confie-t-il. Cela dit, la leçon qu’il tire de cette situation qui est légion dans le milieu professionnel, c’est que tout le monde est remplaçable. Il faut juste maitriser son business pour ne pas avoir ce type de déconvenue.
L’idéal d’un parcours sans compromission
Steven BEDI aspire à réussir sans se compromettre. « Je veux qu’on retienne de moi que je suis parti de la Riviera Palmeraie pour être décoré en France, sans jamais trahir mes valeurs », affirme-t-il. Ce qui l’a marqué lors de sa distinction au Sénat français, ce sont surtout les personnalités honorées à ses côtés, preuve que son engagement dépasse les frontières. Marié et père de trois enfants, il écrit aussi des chansons, joue au foot, et s’implique dans la direction artistique. Son ambition ultime : devenir un « champion national de Jésus ».
Par Serge EKRA